FLEURS DE FER
Il travaille l’acier, le sculpte avec une sorte d’engagement de principe pour la taille directe, plutôt que le modelage.
Sa démarche se nourrie d’une lente imprégnation, métamorphose d’une forme obsédante : Celle de la figure couchée,celle de l’horizontalité.
La sculpture de Pascal Bazilé tend à une économie de langage et à un resserrement maximum des moyens utilisés.
Pour autant elle ne renonce pas à des ouvertures et à des renvois allusifs, emblématiques et métaphoriques.
Le travail, celui de la série et du processus s’articule en propositions qui affirment des volontés formelles qui ne craignent ni l’austérité, ni la rigueur.
Thème de l’oeuvre de Pascal Bazilé, la femme, l’eau ici conjugué avec celui de la figure étendue,gisante, en un hommage implicite à la nature et à la mort qui n’est plus ici l’objet du regard, de la contemplation, mais elle devient la source même de la création, à la fois comme imaginaire actif, inépuisable et comme matière préparent le processus qui conduit à l’élaboration d’une sculpture.
Pascal Bazilé veut nous parler de cette « mort romancée », non exubérante, celle appartenant aux légendes, à ces évocations plus ou moins livresques des nymphes et des naïades avec l’intention de nous ouvrir les yeux, de dessiller nôtre regard et par conséquent, de porter au-delà de ce qui est simplement offert à voir.
Ces sculptures relatent ses souvenirs d’enfances et sa fascination pour l’eau, celle du lac, de l’étang ou du canal.
Cette eau dormante formant immédiatement un amas de désirs et d’images, ces images qui évoquent la nudité féminine.
Il nous parle de ces femmes, qui par désespoir prirent la décision de disparaitre par la noyade…
D’avoir trop attendues leur mari qui n’est jamais rentré du front ou de leur fils, d’avoir aimé à corps perdu, des amours impossibles.
Les sculptures en acier de Pascal Bazilé reposent sur des stèles.
Ces structures de bois recouvertes de feuilles de plomb donnent une impression d’extreme compacité. Le plomb absorbe la lumière avec ses luisances blanchâtres, sa surface sépulcrale subit les avaries et se marque d’empreintes organiques.
Paradoxalement, le détail pictural institue ces volumes entre stèles et mausolées dans l’espace intentionnel de la sculpture.
Ces coulures d’acide et ces glaçages lèguent au monument sa dimension sacralistique en même temps que sa position esthétique : La mort est irreprésentable et c’est cependant bien elle qui se joue dans les gestes, matériaux et moyens plastiques, qu’il dépouille, étouffe, comme si, à la force de contrainte, elle parvenait à dévoiler le mystère.