C’est parfois en découvrant l’atelier que le travail d’un artiste acquiert un premier relief.
Celui de Pascal Bazilé est situé dans un vaste entrepôt de la gare de l’Est à Paris, et ce n’est pas une surprise de voir une oeuvre plastique s’y faire l’expression du site labyrinthique.

Pascal Bazilé axe son travail sur la suggestion d’une force propre aux matériaux et aux marques laissées par la fréquentation d’un lieu aussi grand, sombre et anonyme. C’est une oeuvre de passages : sur le site férroviaire, prétexte et source, il récupère des éléments de fer ou d’acier qu’il réassemble ensuite en de frêles et aériens monuments qui semblent exorciser l’esprit des lieux en une trace durable ou un effet de saut au-delà. Ces présences ascensionnelles sont aussi appelées à se muer en «gisants», la relation au sol devenant directe, délivrée du socle.

Passages : les sculptures ou plutôt structures, des montages de fragments soudés, des dessins en volume, ont tout naturellement un écho dans les grands et moyens formats de technique mixte sur papier, marouflés ou non sur toile, noirs, gris ou en camaïeu. La pellicule de papier est tenue, fine peau sur laquelle sourdent des réseaux de lignes et des traces se libérant peu à peu d’une soumission à l’image identifiable (tenailles, formes d’outils).

Du fond noir aussi, sur les toiles ou en de plus confidentiels cahiers, émergent des formes répétées ou enchevêtrées, qui seraient comme les larmes du site, sa douleur mêlée, ses veines secrètes.

Pascal Bazilé habite ce monde qui s’ouvre à nous comme une partie du monde parmi d’autres, mais ces cristallisations en taches suggèrent, dans les «Parcellaires», l’empreinte d’un fragment d’univers voyageant de dessins en volume en dessins marouflés.

Pascal Bazilé articule ainsi des présences construites et évidentes et des formes graphiques prises dans la lumière claire-obscure d’une sorte d’aquarium.

Le monde fanfare, instrument mécanique, mais aussi dans ses silences ou ses échos mats.