BLIND SPOTS
La pratique du dessin est pour moi essentielle parce que je suis avant tout dessinateur. Je suis même plus dessinateur que peintre et même sculpteur.
Et si aujourd’hui je suis sans doute plus connu comme sculpteur, il ne faut pas oublier que j’ai commencé par le dessin et que la sculpture n’est venue que bien après. Le dessin est donc pour moi une discipline à part entière. Au fond, ce qui m’intéresse c’est le contour, la forme et plus précisément encore le trait, la ligne et même le retour à la ligne. Mon dessin est par ailleurs basé sur la perception et l’anticipation. Je ne peux en effet voir mon travail que lorsqu’il est complètement terminé. Ce n’est qu’à ce moment là que je vois si le dessin tient « le mur », jamais pendant que je suis en train de le faire. Et ce que je cherche, ce sont de nouvelles visions. Mon travail est purement rétinien. Dans mes dessins, il n’y a pas d’histoire, pas de sujet. Il ne s’agit que d’un jeu de formes, avec une ligne unique, une répétition de la même ligne, qui, à l’arrivée, dans un format préalablement décidé, propose un jeu d’entrelacs et surtout de maillage puisque le dessin est le résultat d’une superposition de films transparents et donc de formes. Pour réaliser un dessin, je joue avec des boucles et des courbes, je procède en strates successives, je fais des sillages et des surlignages, je contrôle des tracés, je répète des ellipses, je démultiplie des traits, je suis la ligne comme un itinéraire, je brouille les pistes, je me perds pour construire, je tiens compte du hasard et de l’accident, je joue avec le décalage. En fait, je rêve mon chemin.
The practice of drawing is essentiel for me because I am first and foremost a draftsman. I am even more a draftsman than a painter, more even than a sculptor. And although today I’m probably best known as a sculptor, one must not forget that I started by drawing and that sculpture came only much later. So drawing is for me a whole separate discipline in itself.Basically. what interests me is thé shape, the form, and more precisely thé stroke, the line, and even the return to the same line. Furthermore, my drawing is based on perception and anticipation. I can actually see my work only when it is completely finished. It is only then that I see whether thé drawing holds or not, never while I’m doing it. And what I look for is a Visual shock, a plastic shock. My work is purely retinal.In my drawings, there is no story, no subject matter. It is only about a game of forms, with a single line, a répétition of thé same line, which on arrival, in a previously determined format, suggests a game of interlacing and, especially, meshing, since the drawing is the result of a superposition of transparent films and, thusly, forms. To make a drawing, I play with loops and curves, I proceed in successive layers, I make trails and I highlight, I control routes, repeat ellipses, multiply traits, I follow thé line as an itinerary, I cover tracks, I lose myself to build, I take notice of chance and accident, I play with thé offset.
In fact, I dream my way.